Bibliographie

Du plus récent au plus ancien
BEATE ET SERGE KLARSFELD : NON À L’IMPUNITÉ, Actes Sud junior, 2024

Extrait :

« – Des menottes ! Il nous faut des menottes ! déclare Serge. Je les rajoute sur la liste des courses.
– On a du chloroforme ? demande Beate.
– Je m’en occupe, répond David qui est médecin.
– J’ai deux matraques chez moi, fanfaronne Elie, et même un vieux pistolet !
– Ah non, pas de pistolet ! Nous ne sommes pas des assassins, nous, refuse Marco.
– On ne le chargera pas, mais il nous faut une arme pour être pris au sérieux, s’entête Elie.
Soudain Serge et Beate éclatent de rire. À les voir ainsi tous les cinq en train de chuchoter fébrilement dans l’arrière-salle sombre d’un petit restaurant, on dirait une bande de malfrats préparant un mauvais coup. Mais ils n’ont pas le choix : pour forcer l’Allemagne à assumer ses responsabilités, ils doivent kidnapper Lishka ! »

    L’arbre à thé athée, éditions du mercredi, 2022

    Extrait :

    « – Tu ne m’as toujours pas dit si c’était interdit d’en parler.
     – Oui mais… non. 
    – Non ?
     – Non mais… si. 
    – Décide-toi ! 
    – On peut en parler, mais pas l’afficher.
    – Donc on la cache ? 
    – Non, mais on ne la montre pas trop et on n’en parle pas trop non plus. 
    – Comment on sait si c’est trop ? demande l’arbre. 
    Philou réfléchit un instant puis dit : 
    – Peut-être que c’est quand on ne voit plus que ça. Au lieu de voir un copain, on voit sa religion. Au lieu de savoir qui il est, on sait en quoi il croit. Mais ce n’est pas ça, connaître quelqu’un ! »

      L’ÉCOLE À LA MONTAGNE Casterman, 2022

      Extrait :

      « Un peu plus loin, Laure nous montre comment nous coucher en haut des prairies pour nous laisser rouler jusqu’au bas de la pente. Ça fait comme un toboggan géant.
      –J’ai les chocottes ! s’écrie Camille.
      –J’ai le hoquet, se plaint Pauline.
      –J’ai le tournis, s’amuse Tom.
      –J’ai le bonheur…, je murmure, en priant pour que ça ne s’arrête jamais, la vitesse, le vent, l’odeur de l’herbe, la terre fraîche, les copains, la belle montagne autour de moi.
      La liberté.

        COCO LA CLOWN DE LA CLASSE Casterman, 2021

        Extraits :

        « Le matin, en entrant en classe, j’agite mes cheveux dans tous les sens en lançant : « Bonjour mes nattes… euh pardon, mes tresses ! » à madame Meunier. (…) À la cantine, je vomis en faux, je bave en vrai, je fume ma fourchette, je broute ma salade, je fais des bulles dans mon verre.
        (…) Avec moi, personne ne pleure (à part de rire, personne ne meurt (à part de rire), et il n’y a que les rires que jerends fous. (…)
        (…) Moi, mon chagrin, je lui mets un nez rouge et je le bombarde de tartes à la crème ! »

          JE M’APPELLE WLODJIMYERZ Casterman, 2021

          Extrait :

          « Le premier jour du CP, en faisant l’appel, la maîtresse a eu les yeux qui lui sortaient de la tête. Elle a respiré un grand coup, a pris son élan et s’est appliquée à prononcer chaque lettre en articulant exagérément : « Ve-lo-de-ji-mi-ere-ts ». Ça faisait débile, et en plus, c’est même pas comme ça qu’on  dit ! Puis elle a relevé la tête avec un sourire dégoulinant de fausse gentillesse et m’a sussuré d’un ton mielleux :

          -Quel prénom, euh… original. C’est de quelle origine ?

          J’ai rougi et chuchoté :

          -Polonais.

          Nemo s’est retourné et j’ai pensé : « Oh non ! À tous les coups, il va me traiter de « poney » et se mettre à hennir ! »

            L’AMICALE DES SANS-AMIS Casterman, 2020

            Extrait :
            « – Et si on formait une amicale ?
            – C’est quoi, une akimale ? demande Alan.
            – Une A-MI-CA-LE, je répète patiemment. C’est comme un club, un groupe d’amis qui se retrouvent.
            – Mais… s’écrient-ils tous en choeur en me regardant, stupéfaits.
            – Mais quoi ?
            – Nous, on n’a pas d’amis !!!
            – Pas grave, je réponds. On sera une amicale de… de… sans-amis ! »

             

              LA FILLE DE LA MAÎTRESSE Casterman, 2020

              Extrait :

              « -Puisque, ne t’en déplaise, nous sommes dans la même école, tu pourrais au moins me confier ce que tes camarades pensent de moi. Ce Marcel, par exemple, dont tu me rebats les oreilles depuis des années et qui, soit dit en passant, est un garnement très turbulent, que pense-t-il de sa chère maîtresse ? Elle paraît tellement sûre d’elle que je n’ose pas la décevoir. Comment pourrais-je lui avouer que Marcel la déteste ? Alors j’improvise : -Il te trouve très… marrante. -Ah bon ? Pourtant, ça n’a pas l’air de l’amuser, ce que je raconte. -C’est parce qu’il t’écoute attentivement, tellement c’est intéressant. -Le dos tourné en train de faire l’imbécile avec ses copains ? -C’est sa manière de se concentrer. -J’en connais une autre, plus efficace ! C’est de la priver de récréation. Pauvre MarceL… »

                AÏE LOVE L’ANGLAIS Thierry Magnier, 2019

                Extrait :

                « Je n’ai pas mis longtemps à comprendre que la question « who are you ? » signifie « qui es-tu ? ». J’ai aussi saisi qu’il faut répondre en donnant son nom, précédé d’un cri de douleur (aïe) suivi d’un meuglement (meuh) : I’m. Fébrilement, je répète dans ma tête : « I’m Fatoumata, I’m Fatoumata . » Ce n’est pas très difficile. N’empêche, je suis terrorisée à l’idée de devoir pour la première fois de ma vie parler anglais, et en plus devant tous ces inconnus très savants… et très moqueurs. Mon Dieu, ça va être mon tour ! Morte de peur, je vois la professeur se camper devant ma table en me lançant son effrayant « who are you ? ». J’ouvre la bouche et balbutie d’une voix tremblante : I’m… Fat… et puis je m’arrête, la gorge serrée, à bout de forces et de salive. Fat ? répète Mrs Fox avec un grand sourire. Pourtant, tu n’as pas l’air si fat que ça… »

                  TSIPORA ET LE VENGEUR DE SANG Magnard, 2019

                  Extrait :

                  « -Si je te raconte, tu ne voudras plus être mon amie. -Tu penses quoi ? Que je change d’avis sur les gens si facilement ? dis-je en m’énervant. -Non… -Quand j’aime bien quelqu’un, je lui reste fidèle ! -Et tu m’aimes bien ? Je ne réponds pas, mes yeux parlent pour moi, et il semble les entendre. Il reprend en murmurant : -Moi aussi… Il me regarde comme s’il me trouvait jolie, et ça me plaît, mais ça me gêne aussi. Alors je secoue mes boucles et lui lance en riant : -Et puis, de toute façon, qu’est-ce que tu as pu faire de si grave ? Tu n’as pas tué quelqu’un, quand même ? Mais il ne rit pas, au contraire. Ses yeux s’emplissent de larmes et sa voix se met à trembler : -Si justement ! Enfin… je crois. »

                    LES POCHETTES-SURPRISES La Martinière, 2019, Illustrations de Marion Barraud

                    Extrait :

                    « Je l’ouvre en tremblant, le cœur battant, et dedans je découvre… … un sablier, des chamallows vert pâle, un coquillage qui chante une chanson de mer, un lutin rigolo avec un sourire triste, un stylo qui sent bon avec dix-huit couleurs, une carte postale du désert avec un message en langue mystérieuse, un harmonica qui joue avec le vent, des chaussettes blanches couvertes de ballons bleus qui volent volent s’envolent, et une bouteille avec, niché dedans, un petit bateau à voiles qui m’emportera loin, un jour… Dans ma pochette-surprise, il y a tout. Il y a moi. »

                      LE CHEMIN DE FUMÉE Seuil, 1998, 2004, réédité en 2019 aux éditions du mercredi

                      Extrait :

                      « J’ai peur de la guerre en moi qui, c’est sûr, va massacrer mon pauvre petit bébé pas né. Il fait jour dehors, par la petite fenêtre je vois le ciel bleu et je pleure d’être sûrement déjà toute morte, le ventre d’en bas est tout piétiné, et le médecin blond qui m’appuie dessus est sûrement l’Allemand de ma fin, son faux sourire, son faux français, au secours, Zeïdé ! »

                        LE CLUB SUISSE Editions du mercredi, 2018

                        Extrait :

                        – Pour faire partie de mon club, explique-t-il le lendemain à Robin, il faut se calmer. – Mais pourquoi ? On est super calmes, nous, s’écrie Robin en se tortillant. – Pas assez… Pour commencer, il faut apprendre à parler doucement, sans crier. – Jamais ? – Non, jamais. – Même quand on nous embête ? – Même. Et puis il faut parler len-te-ment. – Maispourquoi ? Onperddutempsonpeutpasdiretoutcequonveutdire… – Arrête ! Recommence, en articulant s’il te plaît, le gronde Max sévèrement. – Pas la peine, bougonne Robin. – En enfin, interdiction de dire des gros mots. – Aucun ? – Non ! – Même pas m…. ? – Même pas. – Et c.. ? Et p….. ? Et b….. ? Et n…. ? – Stop ! Plus un seul. On a juste le droit d’utiliser des mots comme « zut », « mince », flûte » ou à la rigueur « diantre ». – Mais c’est nul ! – Nul aussi, si tu veux…

                          EXCUSES EXQUISES : Manuel de survie en milieu scolaire hostile, Editions du mercredi, 2018

                          Extrait :

                          Retards

                          L’heure c’est l’heure. Et vous n’y êtes pas, mais alors, pas du tout. Dans la classe, tout le monde est déjà au travail ou endormi, le prof en train de pérorer, les contrôles distribués, les consignes expliquées. Vous en êtes malade d’avoir raté ça ! Ces 10, 20, 40, 54 minutes de cours vont terriblement vous manquer. Vous ne vous en consolerez jamais. Dans les couloirs déserts vous courez ventre à terre, couvert de sueur et tout confus, ouvrez à la volée la porte de la salle en sanglotant et balbutiez que, si vous êtes en retard, c’est parce que…

                          … je n’osais pas entrer. … le vent m’a emporté. … j’aime me faire désirer… Je vous ai manqué ? … il est 8h20, déjà ? C’est fou comme le temps passe… … mon vernis n’était pas sec. … j’étais à la recherche du temps perdu. Et vous savez quoi ? Je ne l’ai toujours pas retrouvé, monsieur Proust. … mon vélo est tombé en panne d’essence. … je suis à des années-lumière du collège. … sur la route j’ai vu un panneau marqué « école, ralentir », alors j’ai obéi. C’est important de respecter le code de la route.

                            LE SAUT DE L’ANGE Editions du mercredi, 2017

                            Extrait :

                            « Et maintenant c’est le tour d’Hannah. Au-dessous d’elle, la nuit est noire et elle distingue à peine les feux de reconnaissance des partisans et les arbres enneigés. Mon Dieu ! Comme ça fait peur de sauter dans le noir, le froid ! Comme ça fait peur, la guerre en bas ! Mais c’est son choix, c’est ce qu’elle voulait, et elle va le faire. Parce que pas loin, il y a la frontière, la Hongrie, sa mère, et tous les Juifs qui l’attendent pour qu’elle vienne les sauver. Alors, elle respire un grand coup et lève la tête vers le ciel pour une prière. Est-ce qu’il la voit, son père ? Est-ce qu’il est fier ? Et puis elle saute. »

                             

                              LA LUMIÈRE DE BOUCHKA Editions du mercredi, 2017

                              Extrait :

                              « Papa est parti. Comme tout le temps, il n’a pas eu de temps pour Bouchka. Parce qu’il faut toujours qu’il travaille, toujours qu’il voyage, toujours qu’il soit JAMAIS là. Il a pris son chapeau, son sac et son bâton, a poussé la porte et est sorti dans le monde. Maintenant il n’y a plus de Papa. Juste un manteau, très seul, qui pend. »

                               

                                PERDUS DE VUE, écrit avec Yaël Hassan, Flammarion, 2016

                                Extrait :

                                « – Vous savez, si vous voulez chercher quelque chose sur Internet, je veux bien vous aider. C’est facile, on peut trouver des tas de renseignements ou retrouver des tas de gens. – C’est gentil à toi, Sofiane, répond-elle en souriant. Mais je ne cherche plus rien… ni personne. Nous repartons d’un bon pas, la musique l’a revigorée. Je l’entends qui chantonne « Formidable », c’est marrant. Je la ramène jusqu’à chez elle mais je ne rentre pas. À la place, je marche longtemps, jusqu’à ce que la nuit tombe. Parce qu’il y a une voix dans ma tête, qui pleure : « Papa, où t’es ? ».

                                 

                                  LILI NOBODY Nathan, 2016

                                  Extrait :

                                  «  J’espérais que le prof d’anglais ne verrait pas le blanc, le vide, le rien, après « My father’s name is… » Mais il a vu. Il m’a jeté un regard interrogateur et j’ai écrit dans la marge au crayon : « personne ». Alors il a complété ma réponse avec son stylo : « Nobody ». C’est joli, « Nobody ». »

                                   

                                    ROMAN PORTABLE, David Nahum éditeur, écrit avec Yaël Hassan, 2015

                                    Extrait :

                                    «  – Allo ? Je m’appelle…
                                    – Tu t’appelles comment ?
                                    – Pas comment ! Je m’appelle, c’est tout.
                                    – Je ne comprends pas.
                                    – Mais si ! Je m’appelle parce que j’ai perdu mon portable.
                                    – Perdu…
                                    – Ou on me l’a volé. Qui es-tu, d’ailleurs ?
                                    – Je suis « on »… »

                                     

                                      L’ÉTÉ DES PAS PERDUS Flammarion, 2015, 2021

                                      Extrait :

                                      « -Mais… c’est vrai que tu oublies un peu des trucs. Ce n’est pas grave, à ton âge. -Ah ! c’est comme ça ! Toi aussi tu me traite de débile ? Tu penses que je suis sénile ? Je m’arrête net, horrifiée, et m’écrie : -Mais non, Gramps ! C’est pas vrai ! Je… tu… enfin… Il s’est arrêté, lui aussi, et me regarde en silence. Et soudain, dans ses yeux, je vois toute la rage sauvage refluer, remplacée par quelque chose d’humide et d’une douceur terrible, qui ressemble au désespoir. -De quel côté es-tu, Madeleine ? chuchote-t-il, et ça sonne comme un appel au secours. Je respire un grand coup et je réponds tout doucement : -Du tien. Toujours. »

                                        YANKOV Thierry Magnier, 2014

                                        Extraits :

                                        « Tant qu’il était avec moi, j’avais une lumière qui me chauffait les doigts, j’avais un peu de cœur qui se battait en moi. Maintenant c’est le grand froid, et il n’y a plus que moi pour moi. Parce que j’ai plus de papa. »

                                        « – Comment tu t’appelles ? me demande-t-elle doucement dans son yiddish hésitant. Je ne lui réponds pas, je lui montre juste mon bras. Mon numéro, c’est moi. Alors elle tend la main et me touche la peau. Ça brûle ! Je me lève brusquement et me sauve en courant, regrimpe l’escalier et me jette dans mon lit. Mon cœur est tout battant et j’ai envie de pleurer. Je veux pas ses caresses ! Car la tendresse, ça ment. Ça fait croire aux mamans… »

                                          DANY DIT NON ! Nathan, 2013

                                          Extrait :

                                          « Systématiquement, Dany parvient à pousser les profs au bord de la crise de nerfs. Il leur coupe la parole, se lève et se balade, rumine son chewing-gum, discutaille chaque remarque, conteste chaque punition, tripote son portable, pique des stylos, interpelle l’un ou l’autre, chatouille sa voisine, ouvre la fenêtre, fait semblant de sauter, fait semblant de fumer, fait semblant de vomir, demande à sortir, demande à rentrer, rit comme une hyène sans s’arrêter, et fait des commentaires peu flatteurs sur la vertu de la mère ou la pureté de la race de ses camarades. »

                                            MORDECHAÏ ANIELEWICZ : NON AU DÉSESPOIR Actes Sud Junior, 2010, 2016

                                            Extrait :

                                            « Il parle, Mordechaï Anielewicz.
                                            Mordechaï l’ange.
                                            Il parle, et calmement il déclare la guerre. On est le 18 avril 1943 et c’est le soir déjà, le dernier peut-être. Dehors il fait si sombre… Mais en nous une lumière, un petit feu ardent, allumé par lui, notre doux commandant. »

                                             

                                              L’OMBRE Bayard, 2005, écrit avec Yaël Hassan, réédité en 2010 chez Nathan

                                              Extrait :

                                              « Mais il est entré dans le square, et moi, je n’ai pas le droit ! Il s’est assis sur un banc, m’a cherchée, a regardé le ciel couvert, pensant y lire une explication à ma disparition. Mais je suis là, Tom, derrière les grilles. Comme d’habitude, je ne peux pas entrer. Nulle part où je voudrais je ne peux entrer. Regarde, regarde-moi ! Est-ce que tu me vois, en noir et blanc ? »

                                               

                                                MIRALAIDE MIRABELLE Flammarion, 2009, (paru en 2004 sous le titre « Moche » chez Flammarion)

                                                Extrait :

                                                « Et Mirabelle réalise brusquement que Moche est beau ! Mais alors… si Moche n’est plus moche,  peut-être que Miralaide peut un jour espérer devenir Mirabelle.

                                                Mais comment faire ? S’affamer ? Se teindre en blonde ? Marcher à l’aveuglette ? Porter un dentier ? Se peindre le visage ? Se faire raboter le nez ? Non, ça ne marcherait pas. Et puis ce serait comme un mensonge. Mirabelle ne serait plus Mirabelle. Ce qu’elle veut, c’est être elle, et aimer être elle. »

                                                  UN SOIR, J’AI DIVORCÉ DE MES PARENTS Thierry Magnier, 2009

                                                  Extrait :

                                                  « Alors c’est décidé. Je cesse d’essayer. À partir de maintenant, je serai divorcé. Je me sépare d’eux séparés. J’arrête la vie commune, morte de solitude. Je quitte les quitteurs et me confie à moi-même, puisqu’ils ne sont pas dignes de confiance. Ce soir, je divorce de leur divorce. »

                                                   

                                                    JE SERAI UN OISEAU Bayard, 2009

                                                    Extrait :

                                                    «  Je veux être un oiseau pour voler, maman, pour enfin m’envoler. (…) L’oiseau part dans le froid, dans la faim et tout seul. Et moi je reste là, bien au chaud et bien plein, et moi je reste là et j’ai comme du chagrin. »

                                                      QUAND ELLE SERA REINE Thierry Magnier, 2008

                                                      Extrait :

                                                      « «Personne n’a des cheveux comme ça », s’étonnent-ils. «Alors, je suis personne ? » s’interroge Mira. « On dirait la fourrue d’un chat », ajoutent-ils parfois. « Alors je suis un chat », conclut-elle, secrètement flattée.

                                                      C’est pour cela qu’elle marche la tête très haute, à longues enjambées souples, hautaine et lointaine, arrogante malgré tous ses doutes, malgré son peu d’années. C’est pour ça, qu’elle griffe : car elle est un chat sans velours aux pattes. Un chat écorché, un chat échaudé, qui miaule sans arrêt et ne ronronne que seul, tellement seul ».

                                                      « Un jour, un jour bientôt, ses mains viendront, son corps l’enserrera, et quand il voudra entrer, elle l’accueillera. Mais pour l’instant c’est trop tôt, ils n’en sont qu’à la peau, aux frôlements de doigts, aux baisers délicats, aux genoux rapprochés, aux corps devinés. Pas encore prêts pour le violent, le nu et le dedans, trop tôt encore pour l’embrasement du sang. »

                                                       

                                                        EN VRAI Thierry Magnier, collection Petite Poche, 2008

                                                        Extrait :

                                                        « Quand le vent me souffle dans les cheveux, je voudrais bien le suivre, le laisser m’emporter. Tout le temps je veux le vent. Mais je n’ai pas le droit de voler. »

                                                          POURQUOI ÇA FAIT MAL ? Thierry Magnier, 2005, 2006

                                                          Extrait :

                                                          « On se touche un petit peu, on se raconte des choses. On descend rapprochés et on marche lentement, dans la pluie dans le vent dans le soleil couchant. Quant les rues se désertent et que les arbres se serrent, on s’arrête de marcher pour pouvoir s’embrasser. Ça fait chaud dans la bouche, ça fait chaud dans le ventre. … C’est si bon ce qu’on sent qu’on pourrait exploser.

                                                          Mais si bon c’est trop bon, parce qu’il faudrait bien plus, il faudrait plus longtemps, il faudrait sans fin. Alors, tandis qu’avec délices je me plonge dans l’instant, il y a cachée dans l’ombre une petite moi fiévreuse, qui se tord les mains en regardant sa monter, compte les secondes à  rebours et répète comme une folle que ça va s’arrêter. »

                                                           

                                                            DANS LA RUE DU BONHEUR, PERDUE La Martinière, 2005

                                                            Extrait :

                                                            « Tout a changé, depuis que j’ai déménagé d’avant. Je ne reconnais plus rien, ni gens, ni choses, ni monde, ni moi. Et j’ai tout le temps mal, peur, et rage, tout le temps peine, depuis que j’habite dans la rue du Trésor Perdu. »

                                                              LE CHEMIN DE FUMÉE Seuil, 2004

                                                              Extrait :

                                                              « J’ai peur de la guerre en moi qui, c’est sûr, va massacrer mon pauvre petit bébé pas né. Il fait jour dehors, par la petite fenêtre je vois le ciel bleu et je pleure d’être sûrement déjà toute morte, le ventre d’en bas est tout piétiné, et le médecin blond qui m’appuie dessus est sûrement l’Allemand de ma fin, son faux sourire, son faux français, au secours, Zeïdé ! »

                                                                MOCHE, 2004, Flammarion

                                                                Extrait :

                                                                « Et Mirabelle réalise brusquement que Moche est beau ! Mais alors… si Moche n’est plus moche,  peut-être que Miralaide peut un jour espérer devenir Mirabelle.

                                                                Mais comment faire ? S’affamer ? Se teindre en blonde ? Marcher à l’aveuglette ? Porter un dentier ? Se peindre le visage ? Se faire raboter le nez ? Non, ça ne marcherait pas. Et puis ce serait comme un mensonge. Mirabelle ne serait plus Mirabelle. Ce qu’elle veut, c’est être elle, et aimer être elle. »

                                                                  PETIT ROMAN PORTABLE, 2004, écrit avec Yaël Hassan, chez Hachette

                                                                  Extrait :

                                                                  «  – Allo ? Je m’appelle…
                                                                  – Tu t’appelles comment ?
                                                                  – Pas comment ! Je m’appelle, c’est tout.
                                                                  – Je ne comprends pas.
                                                                  – Mais si ! Je m’appelle parce que j’ai perdu mon portable.
                                                                  – Perdu…
                                                                  – Ou on me l’a volé. Qui es-tu, d’ailleurs ?
                                                                  – Je suis « on »… »

                                                                   

                                                                    LE GARÇON QUI AIMAIT LES BÉBÉS Thierry Magnier, 2003, 2007

                                                                    Extrait :

                                                                    « Il y avait plusieurs berceaux et plusieurs bébés. Ils avaient tous un nom écrit sur le bracelet à leur poignet, ils avaient tous une maman. Sauf le mien. Mais où était-il ? Et puis, au moment où l’infirmière présente dans la salle s’approchait de moi, je l’ai trouvé, le seul bébé tout seul, le seul dont le bracelet soit vierge. Un bracelet bleu parce que c’était mon garçon, bleu comme ses yeux qu’il a ouverts soudain pour me regarder au fond, et qui étaient si semblables à ceux de sa non-mère que j’ai éclaté en gros sanglots déchirants. »

                                                                      GIGI EN ÉGYPTE Casterman, 2003, réédité en 2006, 2013 et 2017

                                                                      Extrait :

                                                                      « –  Dis-nous donc où tu pars en vacances. Nulle part !!! Voilà la réponse… Mais il est hors de question que Gigi avoue son infortune devant toute la classe. Plutôt mourir ! Plutôt mentir… Rapidement, ses yeux font le tour de la salle à la recherche d’une idée. Du regard elle survole la carte de l’Europe, les photos de volcans, les frises chronologiques, les hiéroglyphes… s’arrête net, et lâche en bafouillant : –  Je… vais… vais… vais… en… Égypte ! »

                                                                        JE NE JOUE PLUS Casterman, 2002 Illustrations d’Olivier Latyk

                                                                        Extrait :

                                                                        « Quand les avions s’écrasent, mes yeux veulent trop voir. Quand les hommes-feuilles tombent, je me fais tout petit. (…) Quand il fait ce temps-là, j’arrête tous mes jeux. (…) Moi, quand je serai grand, je ferai du beau temps ! »

                                                                          LE PETIT GARÇON ÉTOILE Casterman, 2001, 2003, 2014 Illustrations d’Olivier Latyk

                                                                          Extrait :

                                                                          « C’était un petit garçon qui ne savait pas qu’il était une étoile. Mais on le lui a dit. » … « Un jour, les chasseurs attrapèrent les étoiles et les emmenèrent dans des trains noirs. Et le petit garçon vit les grandes étoiles-papa, les douces étoiles-mamans et tous les petits étoilons partir vers la nuit. Et s’éteindre »

                                                                           

                                                                            FUGUE EN MINEURE Thierry Magnier, 2001

                                                                            Extrait :

                                                                            « Elle n’a pas de projets, juste des rêves, qui tous parlent de voyages et de liberté. Quand ses professeurs lui demandent ce qu’elle veut faire plus tard, elle répond qu’elle veut être, plutôt. Bientôt. Mais quoi ? Elle ne sait pas, elle sait seulement qu’elle veut partir. Qu’elle va partir. Car la vraie vie l’attend, là-bas. »

                                                                             

                                                                              L’ÉCOLE DES GÂTEAUX Casterman, 2001, 2006, 2013 et 2017 | Edition scolaire SED, 2018

                                                                              Extrait :

                                                                              « Ajouter le sucre… mélanger la farine… couper le chocolat… voilà enfin des mots qui sentent bon, des mots qui ont un sens : du bon sens ! Jacquot suit les lignes avec son doigt et arrive vite au bout de la recette. Il relève les yeux et réalise, ébloui, que pour la première fois de sa vie il a lu un texte en entier, sans douleur, sans ennui, et en comprenant presque tout. « C’est parce que c’est intéressant », se dit-il. Et utile aussi : car il compte bien les faire, ces cookies, il compte bien les manger ! »

                                                                                DE SACHA À MACHA, écrit avec Yaël Hassan, Flammarion, 2001, 2010 et 2014 , Audiolib, 2018

                                                                                d’activités) Disponible en livre audio, Audiolib, 2018

                                                                                Extrait :

                                                                                « De : Sacha sacha@intercom.fr

                                                                                À : macha@intercom.fr

                                                                                Date : 22 mars

                                                                                Message : Je demande s’il y a quelqu’un parce que souvent il n’y a personne. En fait, il n’y a jamais personne. Mais là, il y a eu quelqu’un. Macha. Toi. Qui es-tu ? Sacha. »

                                                                                  VIOLA VIOLON Flammarion, 2000, 2007, 2012

                                                                                  Extrait :

                                                                                  « Viola travaillait son violon pendant des heures. Les exercices et les morceaux que monsieur Setin lui donnait, et puis aussi les airs qui lui venaient tout seuls, de plus en plus souvent, de plus en plus jolis. Vers sept heures sa mère tambourinait à sa porte, parce que les devoirs n’étaient pas faits, et le dîner pas prêt, « et par pitié arrête ce bruit, ça me rend folle ! ». Alors Viola soupirait, reposait tendrement son violon dans son étui de velours, puis elle bâclait ses devoirs et picorait son dîner. Mais quand elle se couchait, elle se sentait bien, elle se sentait belle et riche et grande. Elle rêvait de notes, qui lui faisaient comme une traîne. La nuit elle jouait encore, et le monde entier l’écoutait. »

                                                                                   

                                                                                    LA DANSE INTERDITE Thierry Magnier, 2000, 2006

                                                                                    Extrait :

                                                                                    « J’ai ouvert la fenêtre et bien sûr Wladek était là à m’attendre, sûr de lui, sûr de moi. Si imprudent, si impudent, si beau. Jamais je ne l’avais vu dans la nuit noire. Comme il brillait. (…) Il n’avait pas le droit d’être là, il avait l’air si étranger dans ma rue, devant ma maison. (…) Nous sommes allés dans notre lit des champs, et nous l’avons refait, la danse interdite, la jolie guerre, le fol amour. »… «  Mes peurs du ghetto reviennent me tourmenter, quand j’imaginais Adam souffrant, le redoutait mourant. Autour de moi je voyais les petits partir les uns après les autres, et je me disais qu’un jour, quelque part, ça serait son tour. Je la vois encore l’ombre de mon garçon, nuit après nuit je la vois dans les flammes qui meurt, dans la fumée qui pleure, dans la mort qui a peur. (…) Comme moi il aurait pu, il aurait dû… Avons-nous été, un peu ? »

                                                                                      LE CHEMIN DE FUMÉE Seuil, 1998

                                                                                      Extrait :

                                                                                      « J’ai peur de la guerre en moi qui, c’est sûr, va massacrer mon pauvre petit bébé pas né. Il fait jour dehors, par la petite fenêtre je vois le ciel bleu et je pleure d’être sûrement déjà toute morte, le ventre d’en bas est tout piétiné, et le médecin blond qui m’appuie dessus est sûrement l’Allemand de ma fin, son faux sourire, son faux français, au secours, Zeïdé ! »

                                                                                        Select the fields to be shown. Others will be hidden. Drag and drop to rearrange the order.
                                                                                        • Image
                                                                                        • SKU
                                                                                        • Rating
                                                                                        • Price
                                                                                        • Stock
                                                                                        • Availability
                                                                                        • Add to cart
                                                                                        • Description
                                                                                        • Content
                                                                                        • Weight
                                                                                        • Dimensions
                                                                                        • Additional information
                                                                                        Click outside to hide the comparison bar
                                                                                        Compare
                                                                                        Cart

                                                                                        Votre panier est vide.