« Quand le vent me souffle dans les cheveux, je voudrais bien le suivre, le laisser m’emporter. Tout le temps je veux le vent. Mais je n’ai pas le droit de voler. »
La vie, c’est bien rangé. À la maison, l’école, tout est organisé. C’est simple, c’est rassurant… mais c’est tout enfermé ! Un petit récit plein de souffle à la poursuite de la liberté.
« – Dis-nous donc où tu pars en vacances. Nulle part !!! Voilà la réponse… Mais il est hors de question que Gigi avoue son infortune devant toute la classe. Plutôt mourir ! Plutôt mentir… Rapidement, ses yeux font le tour de la salle à la recherche d’une idée. Du regard elle survole la carte de l’Europe, les photos de volcans, les frises chronologiques, les hiéroglyphes… s’arrête net, et lâche en bafouillant : – Je… vais… vais… vais… en… Égypte ! »
« Un peu plus loin, Laure nous montre comment nous coucher en haut des prairies pour nous laisser rouler jusqu’au bas de la pente. Ça fait comme un toboggan géant. –J’ai les chocottes ! s’écrie Camille. –J’ai le hoquet, se plaint Pauline. –J’ai le tournis, s’amuse Tom. –J’ai le bonheur…, je murmure, en priant pour que ça ne s’arrête jamais, la vitesse, le vent, l’odeur de l’herbe, la terre fraîche, les copains, la belle montagne autour de moi. La liberté.
« Le matin, en entrant en classe, j’agite mes cheveux dans tous les sens en lançant : « Bonjour mes nattes… euh pardon, mes tresses ! » à madame Meunier. (…) À la cantine, je vomis en faux, je bave en vrai, je fume ma fourchette, je broute ma salade, je fais des bulles dans mon verre.
(…) Avec moi, personne ne pleure (à part de rire, personne ne meurt (à part de rire), et il n’y a que les rires que jerends fous. (…)
(…) Moi, mon chagrin, je lui mets un nez rouge et je le bombarde de tartes à la crème ! »
« Ajouter le sucre… mélanger la farine… couper le chocolat… voilà enfin des mots qui sentent bon, des mots qui ont un sens : du bon sens ! Jacquot suit les lignes avec son doigt et arrive vite au bout de la recette. Il relève les yeux et réalise, ébloui, que pour la première fois de sa vie il a lu un texte en entier, sans douleur, sans ennui, et en comprenant presque tout. « C’est parce que c’est intéressant », se dit-il. Et utile aussi : car il compte bien les faire, ces cookies, il compte bien les manger ! »