« Quand le vent me souffle dans les cheveux, je voudrais bien le suivre, le laisser m’emporter. Tout le temps je veux le vent. Mais je n’ai pas le droit de voler. »
La vie, c’est bien rangé. À la maison, l’école, tout est organisé. C’est simple, c’est rassurant… mais c’est tout enfermé ! Un petit récit plein de souffle à la poursuite de la liberté.
« Le premier jour du CP, en faisant l’appel, la maîtresse a eu les yeux qui lui sortaient de la tête. Elle a respiré un grand coup, a pris son élan et s’est appliquée à prononcer chaque lettre en articulant exagérément : « Ve-lo-de-ji-mi-ere-ts ». Ça faisait débile, et en plus, c’est même pas comme ça qu’on dit ! Puis elle a relevé la tête avec un sourire dégoulinant de fausse gentillesse et m’a sussuré d’un ton mielleux :
-Quel prénom, euh… original. C’est de quelle origine ?
J’ai rougi et chuchoté :
-Polonais.
Nemo s’est retourné et j’ai pensé : « Oh non ! À tous les coups, il va me traiter de « poney » et se mettre à hennir ! »
« -Puisque, ne t’en déplaise, nous sommes dans la même école, tu pourrais au moins me confier ce que tes camarades pensent de moi. Ce Marcel, par exemple, dont tu me rebats les oreilles depuis des années et qui, soit dit en passant, est un garnement très turbulent, que pense-t-il de sa chère maîtresse ? Elle paraît tellement sûre d’elle que je n’ose pas la décevoir. Comment pourrais-je lui avouer que Marcel la déteste ? Alors j’improvise : -Il te trouve très… marrante. -Ah bon ? Pourtant, ça n’a pas l’air de l’amuser, ce que je raconte. -C’est parce qu’il t’écoute attentivement, tellement c’est intéressant. -Le dos tourné en train de faire l’imbécile avec ses copains ? -C’est sa manière de se concentrer. -J’en connais une autre, plus efficace ! C’est de la priver de récréation. Pauvre MarceL… »
« – Tu ne m’as toujours pas dit si c’était interdit d’en parler. – Oui mais… non. – Non ? – Non mais… si. – Décide-toi ! – On peut en parler, mais pas l’afficher. – Donc on la cache ? – Non, mais on ne la montre pas trop et on n’en parle pas trop non plus. – Comment on sait si c’est trop ? demande l’arbre. Philou réfléchit un instant puis dit : – Peut-être que c’est quand on ne voit plus que ça. Au lieu de voir un copain, on voit sa religion. Au lieu de savoir qui il est, on sait en quoi il croit. Mais ce n’est pas ça, connaître quelqu’un ! »
« Ajouter le sucre… mélanger la farine… couper le chocolat… voilà enfin des mots qui sentent bon, des mots qui ont un sens : du bon sens ! Jacquot suit les lignes avec son doigt et arrive vite au bout de la recette. Il relève les yeux et réalise, ébloui, que pour la première fois de sa vie il a lu un texte en entier, sans douleur, sans ennui, et en comprenant presque tout. « C’est parce que c’est intéressant », se dit-il. Et utile aussi : car il compte bien les faire, ces cookies, il compte bien les manger ! »